Analyse du film par Ariane Beauvillard & Audrey Jeamart
L’Année dernière à Marienbad, Lion d’or cette année-là au festival de Venise, est le second film d’Alain Resnais. Il le réalisa en 1961, sur un scénario du romancier Alain Robbe-Grillet. Tous deux trouvèrent dans cette œuvre une nouvelle forme d’expression cinématographique, libérée des carcans de la représentation traditionnelle.
Resnais ébauche également ici une toile de thèmes qui seront souvent les siens comme l’angoisse de l’oubli. Avec ce film, au premier abord incohérent et incompréhensible, Resnais retrouvait là, après Hiroshima mon amour, l’occasion de remettre en question l’un des éléments considéré comme habituellement acquis dans la lecture d’un film : le temps.
L’une des énigmes de L’Année dernière à Marienbad est en effet sa temporalité. Dans un hôtel immense et baroque, un homme retrouve une femme, et prétend qu’ils se sont déjà rencontrés, un an auparavant. Devant les réserves de la femme, il tente de la persuader, et lui raconte ce qu’il s’est passé entre eux il y a un an.
L’expérience de Resnais sur le temps est ici poussée à son paroxysme, puisque sous les apparences d’un banal retour vers le passé dans le présent, la chronologie des événements est en fait totalement bouleversée, et rapidement, nous ne savons plus"quand" nous sommes. La temporalité peut ainsi être considérée comme un véritable labyrinthe, toute la difficulté consistant à s’y retrouver.