Pâques sanglantes
"Mon univers,-dira-t-elle-se réduisait au comptoir d'une pâtisserie. L'évasion, pour moi, c'était la ligne 26, Monforte, Scalo, Porta Romana, Ripamonti, Porta Vigentina. Il y avait Sergio, mon premier amoureux, et l'Idroscalo (it). C'était tout. Jusqu'au jour, un an plus tard, où sa photographie s'étale en première page des journaux : elle vient d'être élue Miss Italie par le jury d'un concours de beauté présidé et financé par la GiViEmme, la célèbre firme de cosmétiques des Visconti.
Du jour au lendemain, elle est couverte de cadeaux, d'invitations, de propositions. Le rêve de milliers de jeunes filles se réalise pour elle : "100 000 lires pour un sourire-raconte-t-elle-.. Un million et plus pour un beau visage... À l'époque, c'était la richesse, le succès. L'Italie, notre Italie d'alors vivait dans l'espérance du million capable de changer une vie"... Sans aucun doute, c'est alors que naquit Lucia Bosè.