Résumé 3
Un cinéaste cherche un sujet de film. Au hasard de ses rencontres, il commence à douter de son sujet, de son talent et même de l'utilité de faire un film. Il s'évade parfois en rêve et décide finalement d'annuler son projet. C'est alors qu'il reconnait tous les gens dont il a rêvé. Il sait qu'il a enfin trouvé son sujet.
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Article de CRITIKAT
Intemporel Fellini ? La critique… visionnaire d’une époque
Un démiurge hors du temps ? Visions hypnotiques
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La fantasmagorie fellinienne fait-elle de lui un cinéaste hors de son temps ? Pasolini était un"poète civil"(le mot est de Moravia), un écrivain « corsaire » ou « luthérien », un cinéaste engagé qui paya de sa vie ses critiques enragées de la société contemporaine. Rossellini était le père du néoréalisme, Antonioni le chantre de l’incommunicabilité moderne, et Visconti, l’auteur de grandes fresques historiques. Même la comédie, la fameuse « comédie à l’italienne », celle de De Sica, Dino Risi ou Mario Monicelli, se définissait par ses ambitions de satire sociale.
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Et Fellini dans tout ça ? Il touche à tout, il a flirté avec le néoréalisme (La Strada, I Vitelloni, Il Bidone, Les Nuits de Cabiria), avec la satire de la société version comédie à l’italienne (Les Tentations du docteur Antonio, où il met en scène le grand acteur comique Peppino De Filippo), avec les fresques historiques (d’une certaine manière : le Satyricon, « allégorie du monde d’aujourd’hui », Fellini Roma, Amarcord, fresques « autobiographiques », certes, mais aussi mises en scène de la période fasciste), avec l’incommunicabilité, aussi (La Dolce Vita, 8 ½, et tant de films jusqu’à Intervista). Il touche à tout, mais transfigure tout ce qu’il touche.
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La postérité ne retient de Fellini qu’une galerie de « grotesques », une parade de gueules et de freaks, le goût de l’hénaurme et du spectaculaire, des visions inoubliables (le Rex, fantomatique paquebot d’Amarcord),des scènes mythiques (Anita Ekberg, naïade sulfureuse de la fontaine Trévi, dans La Dolce Vita), des mers en plastiques recréées dans le studio 5 de Cinecittà : un créateur de mondes, oscarisé en 1993 pour l’ensemble de sa carrière, mais qui, en réalité, semblait déjà presque, aux yeux du monde du cinéma, appartenir au passé.
Dans les dernières années, il lui était devenu difficile de convaincre les producteurs. Il en avait ruiné un bon nombre, certes. Mais l’on ne percevait peut-être pas tout à fait, alors, à quel point son cinéma accompagnait son époque d’un regard lucide et probablement salutaire.Si Fellini est pour tous aujourd’hui le cinéaste du rêve et du fantasme, cela tient en grande partie à son style : aux décors et costumes si réels et en même si extra-ordinaires imaginés par Piero Gherardi (oscarisé pour les costumes de La Dolce Vita et 8 1/2),
Danilo Donati (qui reçoit également un Oscar, pour Casanova) et Dante Ferretti ; à une photographie visionnaire (celle de Giuseppe Rotunno notamment) ; à cette narration de plus en plus éclatée née des scénarios qu’il concocte avec Tonino Guerra, Tullio Pinelli, Ennio Flaiano, Brunello Rondi, et Bernardino Zapponi, et qui plonge le spectateur dans l’irrationnel onirique ; au montage surtout, qui achève de sortir le film des conventions narratives habituelles-et ce définitivement- multiplie les raccords improbables, et balade le spectateur de vision en vision. Avec Fellini, on ne quitte jamais le réel le plus concret, mais c’est comme si on l’observait tour à tour à travers une lentille grossissante, depuis un vaisseau spatial, ou dans un miroir qui aurait des vertus caricaturistes. Et pourtant…