DVD Classik (fin)
On retiendra des scènes extraordinaires et qui marquent l’imaginaire du cinéphile avec notamment:
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-Le long ‘travelling’ sur la mariée en robe blanche qui traverse toute la péniche, puis la femme et ses enfants qui la regardent passer sur la berge (un plan qui fait irrémédiablement penser à la nuit du chasseur)
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-Le troublant rapport de séduction inconscient entre le père Jules et Juliette dans sa cabine, interrompu par le passage d’un chat ;
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-L’étonnante scène sous-marine où Jean plonge pour voir dans l’eau le visage de l’être aimé ;
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-La sensuelle scène d’amour évoquée plus haut ;
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-Et une scène finale réaliste, passionnée et sans pathos qui synthétise le style Vigo.
Ce qui surprend essentiellement lors de la première vision du film, c’est une certaine sécheresse dans le ton. Vigo ne s’embarrasse pas de dialogues inutiles et ne tourne pas autour du pot pour exprimer ce qu’il veut faire dire à ses personnages. Il laisse les sentiments s’exprimer (ou pas !) de la façon la plus naturelle possible. Pourtant, il n’hésitera pas à faire retourner des scènes jusqu’à l’épuisement de ses acteurs.
L’Atalante, œuvre poétique et emprunte de surréalisme est issue d’un travail rigoureux et perfectionniste qui a germé dans la tête d’un véritable cinéaste, qui non content d’innover, en terme de techniques de narration notamment (on attribue à George Stevens d’avoir été le premier à filmer un couple en plan très rapproché, dans Une place au soleil, mais vous verrez que Vigo l’avait déjà fait 20 ans auparavant), avait un talent de visionnaire, au sens premier du terme. Il a tenté d’imprimer sur la pellicule une certaine idée du cinéma, un plaidoyer pour un ‘cinéma social et vivant’ qui provoque l’intérêt. Oui, dès A propos de Nice, tout était déjà dit, il suffisait de le prouver. En deux films et deux court-métrage, la démonstration est éclatante et sans appel.
Par Majordome-le 13 Mai 2003