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Résumé Wiki
Jacob, un new-yorkais employé des postes, est surpris par d'étranges cauchemars pendant ses journées. Il se retrouve plongé dans des endroits inconnus et fait face à d'étranges personnes plus effrayantes les unes que les autres.Il est aussi victime de flashbacks, et revit ainsi son service au Viêt Nam, ou la mort de son fils quelques années auparavant. Ces souvenirs troublants le hantent jour après jour. C'est petit à petit que la folie s'empare de Jacob, dont il va tenter de sortir avec l'aide de sa compagne Jezebel.
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La critique de Matière Focale (fin)
La musique de Maurice Jarre à fleur de peau aux relents nostalgiques passe très bien dans cette ambiance de déliquescence permanente, d’autant qu’elle est utilisée de manière très discrète et renforcée par les sonorités industrielle et crasseuse d’un New York cauchemardesque. Par petite touche on aperçoit des tentacules sinistres ici ou là, et on bascule peu à peu dans l’horreur la plus totale, avec pour point culminant la scène de l’hôpital/asile de fou, littéralement glaciale grâce aux magnifiques effets spéciaux et a un travelling épouvantable.
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Lorsque le rythme s’arrête enfin, pour la délivrance finale, on ressent un peu la même sensation que lorsqu’un grand huit s’arrête : un calme absolu, un moment d’éternité quasi immobile après la tempête. Le symbolisme du film est très beau, Lyne joue sur les codes bibliques qui sont devenus par la force des choses des repères dans nos sociétés modernes, et les utilise un peu à la manière de Lars Von Trier dans ANTICHRIST : pour les détourner et mettre au jour des émotions profondes, loin justement des aspirations théologiques d’un Eden comme récompense.
Tim Robbins y est excellent, sorte de rêveur égaré tourmenté par la mort et le passé atroce, mais allant toujours de l’avant, tombant de Charybide en Scylla, baladé par des pensées qu’il ne maitrise plus. On retrouve également un Dany Aiello (LA ROSE POURPRE DU CAIRE) en pleine forme dans un rôle mémorable de chiropracteur angélique. Le reste du casting suit allégrement, et la galerie de personnage sert beaucoup à l’horreur latente du film. Ces voyantes mystérieuses, ces personnages silencieux qui fixent Robbins, sont autant de désincarnation de l’homme, et sont magnifiquement intégrés à ce décor quasi apocalyptique.
Petits bémols tout de même à cause d’une ou deux longueurs vers la fin, lorsqu’on sent par exemple que le réalisateur essaye de plaquer un message "politique" sur la guerre du vietnam, pas vraiment à propos ici, et qui serait bien mieux passé en loucedé plutôt qu’en gros caractères blancs à la fin. Mais bon, ce n’est pas grand-chose, le film n’a pas pris une ride et reste à l’heure actuelle un grand film, à voir absolument.
Norman Bates.