En haut Elizabeth Pena et Tim Robbins
© DR -Carolco Pictures
Résumé
Quelque chose ne tourne pas rond dans la tête et dans la vie de Jacob Singer. Depuis des années déjà, il est hanté par des images, des souvenirs du Viêt- nam où il a fait la guerre. Mais à présent, quelque chose de beaucoup plus effrayant semble se produire. Des visions démoniaques, des hallucinations ont envahi sa vie. Il est persuadé d'être victime de tentatives d'assassinat de la part d'êtres mystérieux et difformes. Son malaise augmente lors de sa rencontre avec un ancien de son commando, Paul, qui lui révèle avoir reçu des menaces de mort. Quelques instants après son entretien, Paul meurt dans l'explosion de son véhicule
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La critique de Matière Focale part 1
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Vietnam, Tim Robbins est un jeune soldat dont le bataillon semble touché par un mal étrange : ses camarades ont de violents maux de têtes qui les clouent littéralement au sol. Ils se font surprendre par l'ennemi et Robbins est gravement touché, et se retrouve seul.
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New York, Tim Robbins est un jeune employé de la Poste, il sort avec Jezabel qu'il a rencontré après son divorce et la mort d'un de ses enfants. Il est sujet à d'étranges visions, notamment de formes humaines démoniaques qui le poursuivent sans relâche. Dans le même temps il se met à chauffer inexorablement et rêve de New York
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Tim Robbins est le mari de Sarah et le père de Macaulay Kulkin (la classe !). Il vit une existence paisible de professeur d'université, amoureux de sa femme et soucieux de ses enfants.Juste avant que l'univers ne se fissure, des anges sont descendus sur la terre sous la forme de chiropracteurs free-lance. Leurs ennemis de toujours, les démons, se sont eux matérialisés sous la forme de petits bureaucrates métro-boulot-dodo aux étranges appendices tentaculaires. Qu'est ce qui a provoqué cette lésion dans l'univers ? Le Vietnam, la mort de l'enfant, le divorce ou les os douloureux ? Les quatre sans doute, mais peut être aucune de ces choses si l'on en croit l'armée américaine.
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Porté par un réalisateur en état de grâce (le réalisateur de FLASHDANCE !!) L'ECHELLE DE JACOB se construit autour d'une narration en tiroir dont le seul fil rouge semble être une opération dramatique au Vietnam. C'est en tout cas le seul terreau solide du film, les seuls instants qui ne soient pas dénaturés par l'esprit de Jacob. Tout le reste est un puzzle cauchemardesque peuplé d'enfants morts, de démons monstrueux, de souffrances improbables. Jusqu'au bout Lyne ne lâche rien (ou presque) et déchaine des visions tantôt nostalgiques tantôt horrible qu'aucune chronologie ne permet d'éclairer. Le seul fil rouge c'est la blessure, le sauvetage d'un Tim Robbins qui serait mort au Vietnam ? Pas vraiment certain tant les visions de Robbins semblent se produire des années après. Peut être même que le Vietnam est une hallucination d'un postier rangé….
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De toute façon le plus intéressant n'est pas là, pas plus que dans cette fausse dénonciation de l'utilisation de drogues nocives par l'armée américaine. Non le cœur du sujet c'est de suivre au plus pré un fil ténu emmêlé de souffrance et d'instant heureux qui permet d'aller de l'enfer au paradis, du métro à l'espace. C'est aussi une échelle, c'est aussi dans la bible, mais c'est surtout en l'homme et au cœur de sa vision du monde. Ce sont des émotions et des craintes, des amours et des peines qui se succèdent sans aucune justification ni logique.C'est aussi un film sur le deuil et sa nécessité mais c'est avant tout un film fantastique et parfaitement maitrisé qui plus est.
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On pense parfois au très lovecraftien L’ANTRE DE LA FOLIE de Carpenter ou au FESTIN NU de Cronenberg, voire même au SILENT HILL de Gans (pas mal du tout) mais avec une véritable originalité dans la mise en scène, une vraie émotion qui passe par une utilisation très belle du son et de la lumière. La scène de fête éclairée au stroboscope est absolument hallucinante, jamais on ne verrait ca en salle aujourd’hui ! De par la narration très bien faite par ce montage poreux qui ne fait pas tellement de séparation entre les différents états/flashbacks et l’utilisation assez discrète d’effets spéciaux, on entre directement dans cette réalité kafkaïenne et dans la tête de Robbins.