Dans tous les cas, c'est une sacrément belle surprise que ce western malheureusement méconnu et dont le premier quart d’heure se révèle un modèle d’écriture ; les personnages et les situations nous sont présentés avec rigueur, modestie, et nous nous étonnons du ton inhabituel qui couve durant ces premières minutes et qui continuera jusqu’au bout même si les conventions se feront plus nombreuses durant la seconde partie.
Quid de ce ton inaccoutumé ? Une démonstration par des exemples sera beaucoup plus parlante. Le héros de cette histoire ne ressemble justement pas du tout à un héros ; avec son visage poupin, sans charisme particulier, on ne le présente à aucun moment comme "bigger than life". Le shérif mène une vie de famille rangée auprès d’une épouse aimante, s’excuse de ses jugements à l’emporte pièce et de son caractère soupe au lait. Les deux rivales en amour ne se jalousent jamais directement, s’apprécient même probablement sans se l’avouer, et essaient juste de faire pencher la balance de leur côté quand elles se trouvent avec l’homme sur qui elles ont toutes les deux jeté leur dévolu.