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The Soft Parade
The Soft Parade (« La parade molle ») désigne à la fois le quatrième album de The Doors, la dernière chanson de cet album et un concept récurrent dans l'univers poétique de Morrison : il s'agit d'un cortège disparate de personnages éclectiques et bizarres qui peut évoquer la cohorte de Dionysos dans une version modernisée.
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Ainsi la chanson énumère-t-elle une série d'objets et de personnages dont certains semblent tout droit tirés de l'Amérique des sixties, mais dont d'autres paraissent plus mystérieux : Peppermint miniskirts chocolate candy/Champion, sax and a girl named Sandy/[…] Streets and shoes, avenues/leather riders selling news/The monk bought lunch (Menthe poivrée minijupes chocolat bonbon/un champion, un saxo et une fille nommée Sandy/[…] Rues et chaussures, avenues/cavaliers en cuir vendant les nouvelles/Le moine acheta le déjeuner).
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Ce défilé est ensuite nommé explicitement ; « Gentle streets where people play/Welcome to the Soft Parade » (« Gentilles rues où les gens jouent/Bienvenue dans la Parade molle ») et la « parade », qu'on confondrait presque avec un sit-in ou une manifestation pro-Flower Power se révèle idéologiquement proche du mouvement hippie ; « All our lives we sweat and save/Building for a shallow grave/Must be something else, we say/[…] The Soft Parade has now begun/Listen to the engines' hum/People out to have some fun »(« Durant toutes nos vies, nous suons et économisons/Pour construire une tombe creuse/[…] Doit y avoir autre chose, selon nous/[…] La Parade molle a commencé/Écoutez le murmure des moteurs/Les gens sortent pour s'amuser »).
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The Soft Parade semble donc célébrer la naissance d'un ordre social rénové, et beaucoup plus « relax » que l'ancien ; mais ce bel optimisme est ruiné dans la fin de la chanson ; « But it's getting harder/To describe sailors/To the underfed » (« Mais il devient plus difficile/De décrire les marins/Aux affamés »). La « parade molle » ne résout ni la faim dans le monde, ni les problèmes de communication entre cultures différentes. Elle porte peut-être un nouveau projet de société, mais au fond, ce mouvement reste « mou », sans réelle volonté politique de longue haleine. Il s'agit donc bien d'une « parade » dans tous les sens du terme (le mot anglais porte la même équivoque qu'en français, entre le défilé d'apparat et l'esquive dans un combat), d'une révolte trompeuse qui n'ira pas jusqu'au bout.