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La forme
Pour ce qui est de la forme des textes, l'éditeur semble avoir voulu conserver les écrits tels qu'ils furent trouvés, sans doute afin de respecter l'idée que Jim Morrison se faisait de ses écrits ; Jim Morrison voulait susciter la critique, la réflexion et semer le désordre dans l'esprit des lecteurs. En effet la majorité des textes ne possèdent aucun titre et sont répertoriés dans le sommaire par les premiers mots qui les composent. Certains textes peuvent n'avoir ni ponctuation ni mise en forme, ils sont jetés sur le papier sans souci de beauté ou d'apparence.
Pour la couverture du livre, l’éditeur a choisi un cadre sobre avec au centre une photo de Jim Morrison, dont la couleur, rose, ne passe pas inaperçue. Ce qui touche, ce qui marque c’est cette profondeur du regard qui est en parfait accord avec les écrits de Morrison. Le poète veut, nous faire regarder, droit dans les yeux, des faits, des idées, des horreurs, des vérités…
Il veut nous dire qu’il ne faut pas avoir peur de dire les choses telles que nous les voyons, qu’il ne faut pas nous préoccuper de la forme de notre message, mais simplement chercher à transcrire notre pensée sur le papier, à imprégner nos mots de notre joie, de notre souffrance, de notre vision du monde.
Le fond
Il aborde principalement des sujets comme le désespoir, l’oppression, le sexe mais aussi la passion de vivre et l’amour. Il faut admettre que Jim Morrison était quelque peu dérangé dans sa façon de vivre comme dans ses écrits, mais était-ce seulement dû à la drogue ? Certains ne verront en ces phrases que des mots dépourvus de sens, ils ne vont alors pas chercher à comprendre.
Pour certains hommes, lorsque notre écriture n'entre pas dans des codes déterminés, elle ne vaut pas la peine d'être lue, elle est simplement jugée mauvaise et sans fond. Il faut pouvoir aliéner son esprit comme Jim l’a fait, pouvoir se laisser glisser dans une folie passagère pour planer avec ses mots, ses idées, ses frustrations et ainsi réécrire le monde.
Il nous faut nous pencher plus en profondeur sur les sujets abordés par Jim dans ses nombreux écrits : la mort, l’oppression, la passion de vivre, la religion, l’humanité dans son intégralité, le sexe, le cinéma, la photographie et l'image en général, la ville/ l'urbanisme, le chamanisme mais aussi les reptiles et surtout les serpents qui le fascinaient. Il aimait d’ailleurs se faire appeler le Roi Lézard.
En lisant tous ces textes, on comprend que Jim Morrison était totalement obsédé par la Mort, c’était devenu une fascination. C'est ce qui, certains le pensent, l'a mené à sa perte, c'est cette fascination de l'au-delà, ce désir de savoir ce qui nous attend après la mort. Dans différents écrits de Morrison, on rencontre l’idée que l’Homme est un être incontrôlable par les autres mais également par lui-même, qu’il est dominé par un pouvoir qui le dépasse et devient trop souvent victime de lui-même, de l’horreur qui le compose et le définit. On trouve souvent un vocabulaire riche en termes violents et sanglants.
Jim Morrison attache également beaucoup d’importance au détail, à la désignation des choses par des mots qui marquent, des mots qui donnent de la force à sa phrase. Il n’écrit pas pour la douceur ni pour que ses phrases soient limpides, il semble plutôt chercher à … fendre notre mer gelée. Ce qu’il y a de bénéfique avec un tel choix de mots, c’est que notre esprit est plus facilement marqué par la dureté que par la douceur, par la souffrance que par la joie…
« Tout est vague et vertigineux. La peau enfle
Et il n’y a plus de distinction entre les parties du Corps.
On est gagné par le son de voix menaçantes,
Moqueuses, monotones.
C’est la peur, c’est l’attirance de la dévoration. »