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La poésie de James Douglas Morrison
Tous les articles, biographies, notices et sites internet consacrés à Morrison insistent sur sa carrure de « poète ». Son usage de substances hallucinogènes (LSD surtout), son alcoolisme maladif, ses multiples provocations contre l'ordre puritain américain, son image dionysiaque minutieusement entretenue, ses textes à la limite de l'inintelligible, son décès prématuré enfin (il avait vingt-sept ans) dans le pays qui avait vu naître Baudelaire, Verlaine et Rimbaud ont largement contribué à forger un personnage de légende et à l'assimiler aux«poètes maudits» adeptes des «paradis artificiels», dans la lignée d'auteurs anglo-saxons comme Thomas de Quincey, William Blake ou encore Aldous Huxley.
Au-delà de cette image, cependant, il paraît significatif que, à notre connaissance, aucun de ces textes consacrés à Morrison ne propose d'interprétation poétique de ses textes, ni même ne cite son œuvre en dehors des chansons qu'il écrivit pour The Doors et du long poème lyrique An American Prayer ultérieurement mis en musique par The Doors, alors pourtant que ces écrits destinés au groupe ne représentent qu'un sixième, environ, de l'œuvre complète de Morrison.
L'essentiel de son travail est systématiquement occulté. Pourtant, Morrison lui-même a souvent insisté, dans plusieurs interviews, sur la priorité qu'il accordait à la poésie sur toutes ses autres activités (le rock mais aussi la production cinématographique), minimisant du même coup l'importance et le sérieux de son travail au sein de The Doors.
Ainsi, interrogé sur la notion de « littérature rock » dont les chansons de The Doors seraient le modèle, il déclara ; « It's all done tongue-in-cheek [...]. I don't think people realize that. It's not to be taken seriously. » (« Tout cela est à prendre au second degré [...]. Je ne pense pas que les gens s'en rendent compte. Il ne faut pas nous prendre au sérieux. »).
Mise en parallèle avec la minutie qu'il accordait à ses recueils de poèmes et l'extrême émotion qu'il ressentit lorsque The Lords and The New Creatures parut chez Simon & Schuster, cette déclaration pousse à relativiser l'importance de The Doors dans la vie de Morrison et à mettre l'accent sur son œuvre de poète. Celle-ci, cependant, complexe, dense et d'un abord obscur, mérite quelques clarifications préalables.
Une œuvre difficile à aborder (carrément illisible tu veux dire)
À l'exception des textes de chanson écrits pour The Doors et quelques poèmes épars très exceptionnels, la seule œuvre publiée du vivant de Morrison sous forme d'un livre proprement dit est un double recueil intitulé The Lords and The New Creatures. La première partie (The Lords. Notes On The Vision) se compose de notes et d'aphorismes couchés sur le papier alors que Morrison étudiait le cinéma à UCLA. Il se présente sous une forme dispersée de remarques historiques, techniques et philosophiques sur le cinéma et son rôle dans la société américaine des années 1960. La seconde partie (The New Creatures) constitue un long poème en vers libres, d'apparence disparate (phrases mutilées, ponctuation qui semble hasardeuse, thématiques récurrentes sans ordre apparent, plan insaisissable à la première lecture).
De là la critique en demi-teinte qu'écrit Patricia Kennealy dans le numéro de mai 1970 de Jazz&Pop : « Le recueil (The Lords and The New Creatures) est truffé d'allusions personnelles que seuls Morrison, son agent ou son épouse pourraient prétendre comprendre ». (Voilà pourquoi je ne l'ai JAMAIS entièrement lu!)Le lecteur non prévenu pourrait en effet croire, en ouvrant un recueil de Morrison, qu'il s'agit d'alignements de mots gratuits * . Une explication consisterait alors à estimer qu'il s'agit là de productions rédigées sous l'influence de l'alcool, des hallucinogènes, parfois des deux, et qu'il n'y a rien à y comprendre.(merci pour le temps perdu...Djiim !)
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* et quoi d'autre ?