Résumé 2
Un déserteur de l'infanterie coloniale arrive au Havre, espérant s'y cacher puis repartir à l'étranger. Dans la baraque du vieux Panama, où il trouve refuge grâce à un clochard, il rencontre le peintre fou Michel Kross, et une orpheline, Nelly.Il en tombe immédiatement amoureux. Cette dernière vit chez son tuteur Zabel, qui tente d'abuser d'elle sans arrêt. Retrouvant son envie de vivre,auprès de Nelly, Jean se croit sauvé...
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La critique de DVD CLASSIK(suite)
Finalement le projet rebondit entre les mains françaises du producteur Gregor Rabinovitch, ravi de produire le prochain Gabin ! Carné peut enfin tourner l’adaptation du roman de Mac Orlan dont l’action, initialement prévue à Montmartre, est transposée au Havre. Rabinovitch et son complice Shiffrin réalisent avec retard la puissance et la noirceur du drame rédigé par Prévert. Ils essaient par tous les moyens de freiner Carné dans sa création mais rien n’y fait. Gabin soutient Carné et porte le film jusqu’à cette avant-première organisée sur les Grands Boulevards où le film connaîtra ses premières salves d’applaudissements.
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Malheureusement,le film de Marcel Carné reste trop souvent enfermé dans le carcan de cette belle histoire. Mais la légende ne doit pas occulter le contenu extraordinaire du Quai des brumes et il est juste d’en rappeler la force moderne, poétique et prophétique qu’ont su lui insuffler le réalisateur et son équipe. Pendant les années soixante, les jeunes critiques de la Nouvelle Vague ont lapidé Carné, qu’ils considéraient comme l’antonyme de la modernité cinématographique.(les pauvres cons !)
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Son cinéma noir et blanc aux dialogues ciselés, ses plans d’une grande rigidité et son approche poétique étaient qualifiés de désuets. Mais il suffit de quelques images pour ouvrir les yeux des cinéphiles contemporains. A travers Le Quai des brumes, puis Le Jour se lève ou Les Enfants du paradis, le réalisateur français impose un style dont les héritiers sont aujourd’hui Tim Burton ou dans une autre mesure Lars Von Trier.En utilisant à merveille les décors d’Alexandre Trauner, Marcel Carné inscrit son drame dans des lieux ordinaires et dénués d’humanité : la boîte de nuit, inondée de lumière, est peuplée d’hommes et de femmes sombrant dans l’ennui.
la cabane au bord de l’eau est le refuge d’un artiste suicidaire et d’un guitariste sans illusions, et enfin, le magasin de bibelots, où aucun client ne s’aventure, est tenu par un homme qui ne comprend pas pourquoi les gens s’aiment… Cette caractérisation des décors et des personnages crée une ambiance poétique et désabusée. Certains critiques de l’époque sont subjugués par le "style Carné" qu’ils qualifient de « Réalisme poétique ».