Le Quai des brumes
est un film français réalisé par Marcel Carné en 1938, rattaché à la veine du réalisme poétique,
adapté du roman Le Quai des brumes de Pierre Mac Orlan publié en 1927.
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La critique de DVD CLASSIK
Résumé
Jean (Jean Gabin) déserteur de la Coloniale arrive en camion dans la ville portuaire du Havre. Désabusé et hanté par ses souvenirs de guerre, il cherche à fuir la France. En quête d’un bateau, il fait la rencontre de personnages attachants, de petites frappes et surtout de la belle Nelly (Michelle Morgan) dont il tombe amoureux...
Analyse et critique (part 1)
Dans ses mémoires, Marcel Carné déclare : « A l ‘époque les écrans regorgeaient de comédies, musicales ou non, brillantes, ensoleillées et grouillantes de figuration. Et voilà que j’arrivais avec ma boîte de nuit vide, ma brume, ma grisaille, mon pavé mouillé et mon réverbère. »
Aujourd’hui on a du mal à imaginer comment ce jeune réalisateur de 29 ans, qui n’a alors que deux films à son actif, a pu trouver le financement pour produire un projet si sombre… La genèse du Quai des brumes a été maintes fois racontée, mais il est bon d’en rappeler quelques détails : 1937, Jean Gabin, en balade dans Paris, s’engouffre dans un cinéma pour voir ce film dont sa femme ne cesse de lui parler, Drôle de drame. Il assiste alors à une représentation sifflée et conspuée par le public. Mais le comédien n’en a cure ; ébloui par le style de Carné et les textes de Prévert, il contacte son agent afin de rencontrer le réalisateur.
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L’entretien a lieu quelques jours plus tard et Gabin lui demande s’il a un sujet à lui proposer. A l’époque, il est une immense star et le jeune Carné un illustre inconnu. Cependant, celui que le grand Jean surnommera peu de temps après « le Môme » ne se démonte pas et propose l’adaptation du roman de Mac Orlan : Le Quai des brumes. Gabin, sous contrat avec l’UFA (compagnie de production allemande), pousse les studios germaniques à accepter le scénario. Les producteurs ne prennent pas la peine de lire l’adaptation rédigée par Prévert.
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Trop contents de faire tourner la star, ils acceptent le projet et les premiers essais ont lieu à Neubabelsberg. Mais l’ambiance des studios d’outre-Rhin est pesante et Marcel Carné renâcle à tourner ses premières scènes. Quelques jours plus tard, il reçoit une communication de l’UFA lui indiquant que le tournage est annulé. La censure a lu le synopsis et l’a jugé amoral : parmi ce comité, un certain docteur Goebbels impose des idées, prémisses de son abominable chantier destructeur...