Prisonnier de guerre en Allemagne, Jacques Becker revint en France en 1942 pour entamer une carrière de réalisateur (trois ans après un essai manqué avec L’or de Cristobal terminé par Jean Stelli). C’est surtout la chronique paysanne Goupi Mains Rouges, en 1943, qui marqua les esprits avec sa représentation minutieuse (et tendant légèrement vers le fantastique) de la paysannerie, chose assez rare au cinéma. Son style, fait de naturel, de droiture et de clarté s’impose progressivement avec les années. Après avoir investi les milieux de la mode avec Falbalas, et l’univers de la jeunesse remuante, mais anxieuse, d’après-guerre avec Rendez-vous de Juillet (un film générationnel qui annonce à sa façon la Nouvelle Vague), Becker porte son regard vers le monde des Apaches dans le Paris populaire du début du XXème siècle.
Un regard tendre et déchirant sur une romance improbable au destin funeste. Ce sera bien évidemment Casque d’Or.A sa sortie en salles, Casque d’Or fut très mal accueilli par le public et la critique. Ce fut probablement l’échec le plus spectaculaire et douloureux de la carrière de Jacques Becker. Rétrospectivement, à la vision d’un tel chef-d’œuvre, on s’est beaucoup interrogé sur la nature d’un tel revers. La franchise du cinéaste vis-à-vis de ses personnages, la mise à l’écart de toute surcharge psychologique,son attention portée aux petits détails,ainsi que sa modernité en sont les explications les plus probantes.