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 CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration
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CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration

VIP-Blog de tellurikwaves
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  • Créé le : 10/09/2011 19:04
    Modifié : 09/08/2023 17:55

    Garçon (73 ans)
    Origine : 75 Paris
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    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS fin

    31/10/2012 09:36

    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS  fin



    Les Enfants du Paradis est également remarquable pour ses personnages qui entourent Garance et qui sont tous amoureux d'elle. Frédérick Lemaître (Pierre Brasseur) incarne le comédien « romantique, rebelle par excellence » selon Edward Turk. Ambitieux, c'est une grande gueule, un cabotin, sûr de son talent, à qui tout réussit et qui réussit tout avec humour. La scène où il joue Robert Macaire et fait tourner en bourrique les auteurs de la pièce L'Auberge des Adrets, dont il moque la pauvreté de l'histoire, est en soi éloquente. Ce comédien, tellement amoureux de lui-même, lorsqu'il se rend compte que Garance continue à aimer Baptiste tout en étant avec lui s'exclame : « Et si ça me plaisait à moi ? Si cela m'était utile, à moi, d'être jaloux, utile et même nécessaire...Grâce à toi je vais enfin pouvoir jouer Othello...Je cherchais le personnage mais je ne le sentais pas. C'était un étranger, maintenant c'est un ami, un frère. » Il triomphe au théâtre dans la deuxième partie tandis que Baptiste, lui, triomphe aux Funambules. Il sait bien au fond que Baptiste « joue comme un dieu » et il l'envie. Garance dit un peu plus tôt que Baptiste « n'a pas de métier, il ne joue pas, il invente des rêves », et le fait est que les trois pantomimes dont on aperçoit des extraits dans le film montrent un Barrault au corps élastique et à la souplesse féline. Il n'est pas interdit d'y voir un hommage à certains acteurs du Muet, Chaplin et Keaton en premier lieu.
     
    Un autre personnage emblématique du film est Lacenaire (Marcel Herrand). Lacenaire est un dandy assassin, un personnage en perpétuelle révolte contre la société. Misanthrope, il en explique en partie des raisons lors de sa premières scène : « Quand j'étais enfant, j'étais déjà plus lucide, plus intelligent que les autres, ils ne me l'ont pas pardonné. IIs voulaient que je sois comme eux. » Lacenaire est un personnage trouble et fascinant par son recul par rapport au monde qui l'entoure. Refusant, tout comme Garance, de jouer le jeu des apparences en société, il interpelle ainsi le comte de Montray qui lui demande qui il est : « Vous ne trouvez pas que c'est une question saugrenue que de demander aux gens qui ils sont ?... Ils vont au plus facile : nom, prénoms, qualités, mais ce qu'ils sont réellement ? Au fond d'eux-mêmes, ils le taisent, ils le cachent soigneusement. » Edward Turk mettra en évidence que Lacenaire représente pour Carné « une idéalisation ». A l'époque, Carné « porte toujours un masque qui ne correspond pas à son identité réelle. Son comportement agressif et autoritaire sur le plateau est une stratégie destinée à détourner l'attention de ceux qui auraient tendance à stigmatiser ses écarts, hors studio, par rapport aux critères dominants de la masculinité. »

    En effet, le vrai Lacenaire était homosexuel et il est permis d'y voir un rapport avec Vautrin, un autre homosexuel criminel que voulait mettre en scène le cinéaste (le film est tourné en 1944 par Pierre Billon). Carné explique dans l'interview qu'il accorda à Edward Turk en 1980 que pour lui il est très clair qu'Avril, joué par Fabien Loris dans le film, est « son ami » mais que sous Vichy « on ne pouvait pas aller beaucoup plus loin. » Peut-être cela aurait-il été plus évident si Carné n'avait pas coupé au montage une scène plus explicite entre Lacenaire et Garance où celle-ci lui demande « Qu'est-ce qu'elles vous ont fait les femmes ? » et Lacenaire de se défendre : « Rien, absolument rien ! » Garance : « Et vous, qu'est-ce que vous leur avez fait, aux femmes, Pierre-François ? Pas grand chose, sans aucun doute ! », Arletty soulignant cette dernière phrase d’un "petit rire désobligeant". Pour la défense de Carné, il faut réaliser ce que la morale de ce film en pleine guerre sous le gouvernement de Vichy implique. Edward Turk le remarque avec pertinence lorsqu’il écrit : « En contestant l'autorité de la famille, la persécution des déviances sexuelles et l'obligation pour une femme de dépendre d'un homme, Les Enfants du Paradis s'attaque aux fondements mêmes de l'ordre social de Vichy. »
     
    Il aurait été facile pour Carné d’accentuer le lyrisme d'une telle histoire, une épopée en costumes qui aurait pu se transformer en "grandiloquence hollywoodienne" à la Autant en emporte le vent comme le remarque Bernard Landry, premier journaliste à écrire sur Carné en 1952. Au lieu de cela, Carné persiste dans le style qu'il a fait sien en refusant tout effet de style. Sa caméra est peu mobile et « chaque mouvement d'appareil est commandé par une nécessité descriptive. » Carné confie dans une interview en 1972 à Marcel Oms qu'aux mouvements d'appareil il préfère « les mouvements du coeur ». Il refuse le pittoresque et réalise ses films avec la plus grande rigueur trouvant que « la virtuosité de la caméra, c'est bien souvent au détriment de l'histoire, et surtout des acteurs. » Ce qui induit une certaine forme de sobriété, un classicisme que certains ont pris pour de la sécheresse ou de la froideur. Mais ce classicisme ne signifie pas pour autant que Carné fait du cinéma académique. Académique au sens de tourner suivant une formule, des règles pré-établies, qui peuvent aboutir à un film bien fait mais ennuyeux, manquant d'âme à l’image des réalisations de Régis Wargnier ou Jean Delannoy par exemple. Alors que de l'âme, de l'émotion, de la poésie dans Les Enfants du Paradis, vous n'avez que ça !
     
    Cela n'a pu se faire que grâce à un travail collectif aussi remarquable que quasi unique dans l'histoire du cinéma français. Prévert, Carné, Trauner, Kosma, Mayo ont œuvré ensemble, de l'élaboration du scénario au tournage. Il n'y a pas de secret, c'est la seule solution. Il est intéressant d'ailleurs de lire les commentaires élogieux concernant le film sur le site de référence IMDB où une nouvelle génération découvre ce film qui repose sur "un bon scénario, des bons acteurs, une bonne réalisation et une bonne équipe technique". Des choses souvent oubliées de nos jours où il est de bon ton depuis "la Politique des Auteurs" de dénigrer le scénario (voir un récent dossier de Télérama sur ce sujet).Pour terminer, laissons la parole à François Truffaut qui en 1956 se chargea avec ses amis des Cahiers du Cinéma de tirer à boulets rouges sur Marcel Carné « qui n'a jamais su évaluer un scénario, n'a jamais su choisir un sujet... Pendant des années, on nous a offert des films de Jacques Prévert mis en images par Marcel Carné. » Truffaut qui finira en 1984 par avouer à Carné, lors d'une rencontre à Romilly, qu'il a fait 23 films et qu'il les « donnerait tous pour avoir fait Les Enfants du Paradis. » Comme on le comprend.

    Par Philippe Morisson - le 16 octobre 2006

    Autour du film
    On trouve dans le film l'amorce d'un poème de Jacques Prévert qui figurera dans Paroles :   « je suis comme je suis », chanté par Garance.
     
    L'histoire donne à voir les coulisses du théâtre, lui rendant ainsi hommage, et est également dédié au peuple modeste qui va se percher tout en haut, aux places les moins chères, dans le poulailler… le paradis ! C’est le public préféré de Prévert, le vrai public, celui qui réagit, celui qui participe, écrit Carole Aurouet dans Jacques Prévert, Portrait d'une vie.

    Le film a été restauré en haute définition en 2011, et ressort en salle aux États-unis en mars 2012 et en France en octobre 2012

    Distinctions
    1947 : Nomination pour l'Oscar du cinéma du meilleur scénario original.
    1995 : Les Enfants du paradis a été élu meilleur film de tous les temps(et allez...) par les critiques à l'occasion du centenaire du cinéma.

     






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