L'ayahuasca comme breuvage
Dans diverses communautés indigènes amazoniennes, l’ayahuasca est traditionnellement utilisé pour entrer en transe dans un but divinatoire ou comme outil thérapeutique et comme puissant outil de purification lors de rituels de guérison sacrés. Cette boisson semble être consommée depuis 4000 à 5000 ans.
Sur un total approximatif de quatre cents peuples indigènes, Luna en comptabilise soixante-douze qui utilisent l’ayahuasca et qui sont concentrés dans la partie occidentale du bassin amazonien. Cette observation ainsi que certaines découvertes archéologiques laissent penser que cette pratique est extrêmement ancienne, sans doute, déjà bien établie à l’époque précolombienne.
Des descriptions iconographiques de céramiques et autres objets découverts en Équateur estiment l’âge de ces pratiques à 2 000 ans avant J.-C., au moins. Ce puissant hallucinogène qui sert à la fois à la divination, à la sorcellerie et à la thérapeutique est si profondément enraciné dans la mythologie et la philosophie indigènes que l’on ne peut douter de son antiquité.
Il n’existe, toutefois, aucune preuve non équivoque qui permette d’attester l’usage préhistorique de l’ayahuasca.La composition chimique de la potion a commencé à être connue dès 1957 grâce à Average Hochstein et Paradies. Puis en 1965 en France grâce à Claudine Friedberg et Jacques Poisson. Le premier alcaloïde isolé à partir de Banistériopsis caapi fut nommé télépathine car des pouvoirs télépathiques étaient attribués à l’ayahuasca
Historique
Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que la préparation et l’utilisation de ce breuvage hallucinogène ont été découvertes parles Européens. La plus ancienne référence à ce sujet semble être celle de Villavicencio dans son étude géographique de l’Équateur, datant de 1858.
Quelques années auparavant, en 1851, l’explorateur anglais Richard Spruce avait rencontré la tribu amazonienne Tukano du Río Vaupés, au Brésil, qui utilisait une liane appelée Caapi pour induire un état hallucinatoire, mais ses observations ne furent publiées que beaucoup plus tard.
Il expédia, cependant, des échantillons de plantes en Angleterre pour analyse chimique. Trois ans plus tard, il observa l’usage du Caapi parmi les Indiens Guahibo du haut Orénoque de la Colombie et du Venezuela, puis il trouva l’ayahuasca chez les Zápara de l’Équateur et l’identifia comme étant le Caapi.
Une des plus importantes contributions de Spruce a été l’identification précise de la source de Caapi comme étant une nouvelle espèce de la famille des Malpighiacées.
Dans les années qui ont suivi, d’autres explorations ont montré que les régions d’utilisation de la plante 'Banisteriopsis caapi s’étendent aussi à l’Amazonie péruvienne et bolivienne, et même à certaines régions côtières de la Colombie et de l’Équateur.
Pendant le siècle qui suivit cette découverte, de nombreux explorateurs, voyageurs, anthropologues et botanistes ont mentionné cette drogue, souvent sans identification botanique précise en dehors du fait qu’elle était préparée à partir d’une liane. Ce n’est que beaucoup plus tard que l’on commença l’analyse chimique du matériel envoyé par Spruce en 1851.