Thelma et Louise
est un film américain de Ridley Scott réalisé en 1991,
qui a reçu l'Oscar du meilleur scénario.
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Avec Geena Davis (Thelma) et Susan Sarandon (Louise) dans les rôles principaux, il raconte l'histoire de deux femmes dont l'excursion d'un week-end se transforme en cavale à travers les États-Unis. Ce film met également en scène Harvey Keitel, ainsi que Brad Pitt dont la carrière a été lancée par ce long métrage.
Écrit par la scénariste Callie Khouri, ce film a failli ne jamais voir le jour étant donné la méfiance de bon nombre de producteurs et réalisateurs en raison de son thème et en particulier de sa scène finale d'anthologie qui tranchait avec la production hollywoodienne classique.
À sa sortie, ce film a suscité une polémique aux États-Unis, notamment parce qu'il mettait en scène deux héroïnes répondant par les armes à la violence masculine. À l'intersection de plusieurs genres cinématographiques, il est aujourd'hui considéré comme un classique, a influencé d'autres films et œuvres artistiques, et est devenu un "film culte" du mouvement féministe.
Résumé
Thelma Yvonne Dickinson, la trentaine, est l'épouse frustrée et soumise de Darryl, archétype du macho d'autant plus parfaitement inconscient de son ridicule que son complexe de supériorité est renforcé par sa réussite professionnelle. Louise Elizabeth Sawyer, son amie, l’a convaincue de s’évader pour un week-end à la montagne. Quittant l’Arkansas, elles sont bien décidées à profiter de ces heures de liberté. Elles s’arrêtent en cours de route, dans une boîte où Thelma abuse de l’alcool. Alors qu'un homme essaie de la violer sur le parking, Louise arrive in extremis...
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Cast
Susan Sarandon : Louise Sawyer
Geena Davis : Thelma Dickinson
Harvey Keitel : Hal Slocombe (l'enquêteur)
Michael Madsen : Jimmy Lennox (l'ami de Louise)
Christopher McDonald : Darryl Dickinson (le mari de Thelma)
Stephen Tobolowsky : Max (l'agent du FBI)
Brad Pitt : JD (l'autostoppeur)
Timothy Carhart : Harlan Puckett (le violeur)
Lucinda Jenney : Lena (la serveuse)
Marco St. John : le camionneur
Jason Beghe : le policier
Noel Walcott : le cycliste
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Fiche technique
Titre original : Thelma & Louise
Version française : Thelma & Louise
Réalisation : Ridley Scott
Scénario : Callie Khouri
Montage : Thom Noble
Décors : Anne H. Ahrens
Costume : Elizabeth McBride
Photographie : Adrian Biddle
Musique : Hans Zimmer (additionnel : Pete Haycock)
Montage : Thom Noble
Format : 35 mm - 2.35:1 - couleur
Langue : Anglais
Production : Mimi Polk Gitlin, Ridley Scott, Dean O'Brien, Callie Khouri
– MGM et Pathé Entertainment
Distribution : MGM
Pathé Entertainment
Genre : comédie dramatique / road-movie
Durée : 129 minutes
Budget : 16,5 millions de dollars américains3
Dates de sortie :
États-Unis : 24 mai 1991
France : 29 mai 1991
Box-office: 45,3 millions de dollars américains (uniquement aux États-Unis)
Récompense : Oscar du meilleur scénario original 1992
Golden Globe du meilleur scénario 1992
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Genèse du film
Scénario
Le scénario de Thelma & Louise a été écrit par Callie Khouri et a reçu l'Oscar du meilleur scénario original en 1991. Khouri a voulu mettre en scène deux femmes dans un genre jusque-là exclusivement masculin.
Son idée était née d'une lassitude face aux films américains ne proposant que de trop rares bons rôles pour des femmes, en particulier des rôles qui permettent aux personnages de prendre leurs propres décisions et contrôler leur propre destinée."Je voulais écrire quelque chose qui n'avait jamais été porté au cinéma auparavant. En tant que cinéphile, j'ai été nourrie du rôle passif des femmes. Elles ne conduisaient jamais l'histoire parce qu'elles ne conduisaient jamais la voiture. ».
La scénariste a été étroitement associée à la réalisation du film, de telle sorte qu'elle fut parfois appelée la « troisième femme » de Thelma & Louise. Elle a longuement collaboré avec Ridley Scott dans la préparation du film, a participé au choix des acteurs et était présente sur le tournage. Elle a dès lors pu peser sur les options scénaristiques retenues, en obtenant le maintien des séquences qui lui étaient chères, notamment celle du viol et la scène finale.
Producteur et réalisateur
Callie Khouri a d'abord voulu réaliser le film elle-même en tablant sur un budget d'un million de dollars, et a contacté différents producteurs en ce sens. Elle a été confrontée à de nombreux refus. Son scénario est arrivé dans les mains de Mimi Polk Gitlin qui, elle, l'a adoré . Il permettait de réaliser un film dans lequel était donné du pouvoir aux personnages féminins, et qui encourageait les femmes à s'écouter et à réaliser leurs rêves tout en remettant en question la conception traditionnelle qu'on a de la répartition des rôles masculins et féminins.
Elle a augmenté le budget à 16 millions de dollars, a pressenti Michelle Pfeiffer et Jodie Foster dans les rôles de Thelma et Louise,et a soumis le scénario à Ridley Scott au départ pour l'associer comme producteur Ridley Scott a été séduit par le scénario, parce que le fait de placer deux femmes dans les rôles principaux tranchait avec la production cinématographique classique. À ce moment-là, il cherchait à produire autre chose qu'un film faisant partie du pourcentage très élevé de ceux présentant un personnage masculin comme héros.
Il s'est ensuite mis en quête d'un réalisateur. Beaucoup de réalisateurs potentiels à qui il a soumis le projet ont été méfiants et lui suggérèrent de le réaliser lui-même. En effet, Ridley Scott avait déjà réalisé Alien, le huitième passager en 1979, dans lequel une actrice, Sigourney Weaver, incarnait Ripley, un rôle à l'origine écrit pour un homme. Finalement, Ridley Scott a été convaincu de réaliser Thelma & Louise lui-même.
Choix des acteurs
Le lancement du processus ayant pris trop de temps, Pfeiffer et Foster n'étaient plus disponibles. L'équipe a dès lors choisi deux autres actrices, Geena Davis et Susan Sarandon, pour incarner respectivement Thelma et Louise. Bien qu'elles soient connues, elles n'étaient pas des superstars. Il n'était en effet pas judicieux de choisir de grandes stars parce qu'il ne fallait induire aucune idée préconçue sur ces deux personnages.
Geena Davis a appris qu'il circulait un scénario présentant deux femmes dans les rôles principaux. Elle se l'est procuré, a adoré le personnage de Thelma et a réalisé un important travail de recherche sur ce rôle qu'elle a ensuite longuement présenté à Ridley Scott.
Susan Sarandon trouvait le personnage de Louise très intéressant parce qu'il n'était pas le plus tape-à-l'œil, devait tenter de rester sur la bonne voie malgré ses blessures, et lui permettait de conduire l'histoire au sens propre comme au figuré. Elle trouvait également excitant de jouer les mauvaises filles.
Harvey Keitel était le troisième des acteurs connus au moment de la sortie du film, tous les autres n'ayant joué que de petits rôles jusque-là. Il a reçu le rôle de l'inspecteur Hal Slocombe, un personnage très important dans le film, tiraillé entre sa mission d'enquêteur et de policier, et la sympathie qu'il éprouve pour les deux femmes.
Il est en effet le seul homme sensible à la condition des femmes et qui comprend dès lors les actes et motivations de Thelma et de Louise. Une séquence non retenue le montre d'ailleurs au lit, demandant tendrement à son épouse dans quelles circonstances elle serait capable de commettre un meurtre. Harvey Keitel jouait pour la première fois le rôle d'un gentil.
Pour jouer Darryl, Christopher McDonald était une idée de Geena Davis. McDonald a d'abord été auditionné pour le rôle du violeur, mais il a été beaucoup plus convainquant en incarnant le personnage du mari macho. Ridley Scott aimait sa gestuelle et, en particulier, la façon qu'il avait de faire tourner les clés dans ses mains dans les premières séquences du film. Il a aussi apprécié que McDonald arrive avec une moustache le premier jour de tournage.
Michael Madsen était connu de Callie Khouri pour avoir joué dans un film de son mari. L'équipe lui a d'abord proposé le rôle du violeur, mais il l'a refusé. Il a ensuite reçu le rôle de Jimmy, l'ami de Louise. Il a beaucoup contribué à la séquence où Louise et Jimmy se retrouvent dans la chambre du motel, très différente de ce qui était prévu dans le scénario, en partie réécrite par Susan Sarandon. Il a interprété son personnage à la fois compatissant, violent et vulnérable, et a introduit l'idée de la demande en mariage.
Ridley Scott a eu plus de difficulté à trouver le comédien qui serait le violeur. Il fallait un acteur à double visage. Il devait être attirant et charmeur pour que Thelma ait envie de danser avec lui, puis pouvoir être méchant et violent. Timothy Carhart correspondait à ces caractéristiques.
Pour J.D., l'acteur devait avoir un beau physique. Brad Pitt, qui n'avait alors joué que dans quelques séries télévisées, a auditionné pour ce rôle, et a été remarqué par Ridley Scott11. Callie Khouri a demandé à voir le comédien qui incarnerait le jeune auto-stoppeur pour s'assurer que son physique était à la hauteur du rôle. En ouvrant la porte, elle s'est trouvée face à Brad Pitt, est restée un instant sans voix, puis a déclaré « Je pense que ça ira ».
Stephen Tobolowsky venait de terminer le tournage de Mississippi Burning quand on lui a proposé le rôle de l'agent du F.B.I.. Il voyait le personnage de Max comme une force, une pression continue tout le long de l'histoire.Jason Beghe a été retenu pour le rôle du policier parce que, lors de l'audition, il a eu l'idée de faire pleurer son personnage, ce qui n'était pas prévu dans le scénario. Quant à Marco St. John, il a accepté d'interpréter le camionneur obscène tout en craignant que plus personne ne veuille de lui après ce rôle.
Réalisation
Un mélange de genres
Thelma & Louise est une comédie dramatique basée sur un mélange subtil et efficace de buddy movie, de road movie, de western et de film policier.
Buddy movie
Le film est un buddy movie puisqu'il repose sur l'amitié entre deux femmes aux caractères différents. Thelma est celle dont la personnalité évolue le plus au long du scénario. Elle est d'abord une jeune femme au foyer craintive et naïve qui veut s'amuser le temps d’un week-end.Au fil des épreuves auxquelles elle est confrontée elle acquiert de l'assurance et prend conscience du pouvoir qu’elle peut avoir sur le déroulement des choses. Louise est plus âgée, plus posée, plus maternante. Elle a une plus grande expérience de la vie, y compris de ses aspects plus douloureux et a un potentiel supérieur à la fonction de serveuse qu’elle occupe.
Le début du film présente les deux héroïnes séparément, chacune dans son univers quotidien, sans doute aussi pour exposer cette différence de caractères. La séquence de préparation des sacs de voyage, en particulier, a pour but d'établir, par exemple, en quoi Louise est organisée, méthodique, pratique, alors que Thelma est enfantine, impulsive, inexpérimentée. Ce n'est que plus tard qu'elles apparaissent ensemble à l'écran, lors de leur rendez-vous pour le départ, Louise s'étant chargée de la voiture, Thelma du révolver.
Road movie
L'essentiel de l’action se passe sur la route. Les deux héroïnes traversent des paysages somptueux entre l’Arkansas et l’Arizona, dans une Ford Thunderbird 1966 décapotable, les cheveux au vent, ce qui contribue à ce que le film évoque un sentiment de grande liberté. Outre les nombreux plans présentant la voiture en mouvement, les lieux sont très significatifs du mode de vie nord-américain, lié à la distance, la route et ses étapes : pompes à essence, motels, magasins et services destinés aux routiers.
Ridley Scott explique que le fait d'être européen a été un avantage pour le tournage de ce film. « Les Américains vivent entourés d’un tas de choses qu’ils ne voient même pas parce qu'elles font partie intégrante de leur culture… Mais moi, en tant que non-initié, je peux rouler en voiture à travers le désert du sud-ouest et m'extasier devant des kilomètres et des kilomètres de poteaux téléphoniques, ce que l'Américain moyen considère comme tout à fait normal. ».
Les routes des États-Unis d'aujourd'hui, et de l'époque du tournage, sont bordées des chaînes Motel 6, McDonald's et Burger King. La route de Thelma & Louise se réfère à une période plus ancienne. Ridley Scott a voulu évoquer celle de la mythique Route 66 en faisant évoluer ses personnages dans des motels bon marché et stations-services sans enseigne.
Western
Ridley Scott a réutilisé les techniques cinématographiques des westerns des années 50. Il est retourné sur les lieux de tournage de nombreux westerns en Utah, dans les environs de Moab, qui n’avaient plus été utilisés pour des longs métrages depuis l’époque de John Wayne. Il a remplacé les cowboys par des voitures et les diligences par des camions, tout en conservant les mêmes techniques de prises de vue :
Pour les paysages, il place les personnages tantôt en gros plan, tantôt en tout petit pour rendre compte de l’immensité du lieu ; le paysage devenant un personnage à part entière, splendide ou menaçant.Ce sont bien les mêmes lignes, volutes ou nuages de poussière (évoquant la vitesse et la course-poursuite) qui sont soulevés par les sabots des chevaux, les roues des diligences, et les pneus de la Thunderbird et des voitures de police.
La rencontre ultime avec le camionneur est un exemple d'une séquence typiquement inspirée du western. Les deux héroïnes sont assises au tout premier plan, de dos, en regardant avec calme et détermination l'approche du « méchant », petit par rapport à la masse de son gigantesque camion, dans l'attente de la confrontation décisive.
Chacune d'elle porte alors un attribut identifiant immanquablement la mythologie du western : Louise, à droite en t-shirt blanc, porte un chapeau de cow-boy (le chapeau texan qu'elle a échangé avec le vieillard contre ses bijoux), avant de l'ôter en le faisant passer en plein milieu de l'écran, comme pour insister auprès du spectateur sur le « code ».
Thelma, en noir, a la main sur la hanche droite, en position parfaite pour saisir la crosse du revolver dont le canon est glissé sur ses reins dans la ceinture de son jeans. Le camionneur s'approche, continue son cabotinage de dragueur et ne voit pas la crosse de l'arme parfaitement en saillie sur sa hanche, comme celles que l'on voit portées dans la gaine pendue à la ceinture des personnages de l'univers de John Ford et de John Wayne.
Puis, elles font comme un concours d'adresse au tir au revolver pour détruire le camion. À la suite de quoi, leur ennemi enfin vaincu et ridiculisé, elles sautent dans leur voiture sans en ouvrir les portières, exactement comme les héros de l’« Ouest sauvage » enfourchent leur cheval dans la précipitation. Et elles démarrent en trombe pour faire un ou deux tours de victoire, en poussant le fameux cri de l'Ouest, autour du méchant qui trébuche dans la poussière, alors que la caméra s'élève pour donner de l'ampleur à leur départ pour de nouvelles aventures.
Ce passage est aussi marqué par la classique image du rodéo (et de son épreuve d'adresse à ramasser quelque chose au sol en se penchant sur sa monture lancée au galop) qui est l'occasion pour la passagère de la Thunderbird de récupérer le trophée de leur victoire, la casquette décorée au front du drapeau américain qu'a perdue leur adversaire lors du souffle de l'explosion. Cette scène à la casquette contient même une certaine analogie avec celles montrant des Indiens cinématographiques emmener le scalp d'un Blanc.
Le film contient également d'autres scènes emblématiques de western, à commencer par la présence de chevaux. Thelma et Louise s'arrêtent à une station service devant laquelle est attaché un cheval. Une autre séquence montre la voiture traversant un troupeau de vaches gardé par des cowboys à cheval.
Il s’agit de l’histoire de deux femmes que le hasard ou le destin poussent à devenir hors-la-loi, à commettre des délits par nécessité, parce que constamment en butte à des hommes frustes et brutaux. Avec son lot de fuites, poursuites, méfaits commis à main armée, séquences alternant les héroïnes en action et la police qui les recherche, Thelma et Louise s'inscrit dans la lignée des films policiers classiques. Il est souvent comparé à Bonnie et Clyde et Butch Cassidy et le Kid.
Comédie
L’humour est présent dans Thelma & Louise. Le film commence comme une comédie : après avoir fait la morale à deux jeunes clientes sur la nocivité du tabac, Louise s'accorde une pause pour allumer une cigarette. Ensuite, Louise téléphone à Thelma qui lui demande si elle travaille, ce à quoi Louise répond « Non, je pose pour Playboy ».
Suit la scène où Darryl quitte précipitamment sa maison pour se rendre au travail et, dans la plus pure tradition du comique de situation, se ridiculise en tombant sur les matériaux de construction à côté de sa voiture. Puis l'alternance de plans montrant Thelma et Louise, chacune en train de préparer son sac de voyage (signalant non la simple concomitance mais illustrant avec insistance leurs différences de caractères), prête à sourire.
Enfin, une courte séquence montre Louise dans les toilettes bondées du saloon, entourée de femmes se poussant mutuellement pour se remaquiller et se recoiffer devant le miroir. Le ton de la comédie prend brutalement fin au moment de la séquence du viol.Plus tard dans le film, l’humour réapparaît. C'est notamment le cas de la séquence de l'infraction à la limitation de vitesse où Thelma tient le policier en joue et demande à Louise de détruire la radio, cette dernière détruisant d'abord l’autoradio puis le dispositif de communication policier.
Ridley Scott explique que, vu son sujet dramatique, le film aurait pu avoir une tonalité plus grave. Il a néanmoins préféré y introduire une dose d’humour, estimant que les spectateurs prennent plus de plaisir à regarder plusieurs fois un film qui les fait rire plutôt qu’un drame.
Drame
Le film présente un contexte dramatique de par ses principaux thèmes : le viol et le constat d’incapacité de la société à rendre justice aux victimes de viol qui pousse Thelma et Louise à prendre la fuite30. La dimension dramatique est également illustrée par la succession d'événements qui entraînent involontairement les deux femmes dans une spirale à laquelle elles ne parviennent plus à échapper.
Thelma est d'abord victime d'une tentative de viol. Pointer le revolver sur le violeur permet à Louise d'éviter le pire à sa copine, mais ne le dissuade pas si rapidement. L'agressivité et la sous-estimation de la menace provoquent le meurtre du violeur, ce qui les oblige à fuir vers le Mexique. Elles se font ensuite voler l'argent qui leur permettait de poursuivre leur route, ce qui incite Thelma à commettre un vol à main armée.
Elles doivent enfin neutraliser le policier suite à un excès de vitesse, pour éviter d'être localisées et arrêtées. Cette succession d'événements les transforment en dangereuses criminelles aux yeux de la loi. Leur cavale prend tragiquement fin par une scène d'anthologie où elles propulsent leur voiture dans le Grand Canyon Louise se rend d'ailleurs vite compte de l'engrenage fatal dans lequel elles sont entraînées. Elle cède peu à peu la conduite de l'expédition à Thelma probablement parce qu'elle pressent que leur aventure se terminera en tragédie.
Cette dimension dramatique rend le film plus sombre, voire « déprimant, oppressant et sans espoir ». Malgré le fondu au blanc final, Scott ne parvient pas à totalement occulter le destin tragique de ses personnages, ce qu'une partie du public ressent comme une perte de contrôle totale des deux femmes sur les événements et sur le cours de leur existence.
Musique
La musique de Thelma & Louise est une composition originale de Hans Zimmer, un compositeur réputé dans le monde du cinéma. Il écrit la musique de Thelma & Louise après avoir conçu celles de Rain Man et de Jours de tonnerre36. Sa musique, un mélange de sonorités électroniques accompagnées de la guitare de Pete Haycock, a pour but, comme toutes les musiques de film, de soutenir l'action et de renforcer les émotions produites par l'image.
Le film contient également des morceaux issus du rock et de la musique country, afin de bien ancrer du film dans la culture américaine. Il s'agit principalement de musiques diégétiques, c'est-à-dire de musiques que les personnages entendent. Le film commence par Little Honey (Kelly Willis) qui est joué en musique d'ambiance dans le restaurant où Louise travaille.
Tennessee Plates est interprété en live par Charlie Sexton dans le saloon où les deux héroïnes s'arrêtent. Dans la voiture, elles accompagnent en chantant le morceau The Way You Do The Things You Do (The Temptations) diffusé par l'autoradio. Quant au cycliste rasta, il n'entend pas directement les appels à l'aide du policier enfermé dans le coffre de sa voiture, parce qu'il écoute I Can See Clearly Now (Johnny Nash) sur son baladeur.
Le seul morceau extradiégétique est The Ballad Of Lucy Jordan de Marianne Faithfull utilisé en illustration sonore de la séquence où Thelma et Louise roulent de nuit en se relayant. Il s'agit d'une musique d'ambiance servant à mettre les spectateurs en condition et non d'une musique entendue par les personnages en raison de la non cohérence temporelle entre l'image et le son.
En effet, le montage de la séquence suggère qu'elles roulent jusqu'à l'aube en changeant de place derrière le volant alors que le morceau ne dure que quelques minutes. On n'imagine pas vraisemblable, en conséquence, qu'elles se saoûlent la nuit entière du même morceau de musique passé en boucle.
Le choix de ces morceaux est directement lié au thème du film, de telle sorte que non seulement la musique, mais également les paroles appuient le scénario : « Je ne veux pas jouer à la maison » (I Don't Wanna Play House de Tammy Wynette), « Ne regarde pas derrière » (Don't Look Back de Grayson Hugh). Ou encore « Je ne peux pas me détacher de toi » (I Can't Untie You From Me de Grayson Hugh) comme musique d'ambiance dans le motel au petit matin juste avant le départ de Jimmy.
Quant au morceau The Ballad Of Lucy Jordan de Marianne Faithfull, il semble résumer à lui seul le personnage de Thelma : « À l'âge de trente-sept ans, elle réalise qu'elle n'a jamais roulé à travers Paris dans une voiture de sport, un vent chaud dans les cheveux (…) Son mari est au travail, ses enfants sont à l'école, elle pourrait nettoyer pendant des heures ou réarranger les fleurs, ou courir nue dans les rues ombragées en criant tout le long du chemin (…) ».
Le dernier morceau du film est Better Not Look Down de B. B. King, que les deux femmes écoutent lorsqu'elles rencontrent pour la troisième fois le camionneur. La scénariste Callie Khouri a à l'origine prévu que cette chanson accompagne la scène finale. En effet, les paroles « Mieux vaut ne pas regarder vers le bas si vous voulez continuer à voler » auraient judicieusement soutenu cette dernière séquence.
Ridley Scott a finalement préféré l'utiliser en accompagnement de la séquence du camion-citerne, estimant probablement que les paroles « Mieux vaut ne pas regarder en bas, appuie sur le champignon, garde ta grande vitesse » pouvaient également s'adresser au camionneur.