Emma Thomson & Alan Rickman
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INTERVIEW
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CINOPSIS
Interview de Hugh Grant et de Richard Curtis(29/10/2003)
Ce mercredi 29 octobre, le réalisateur/scénariste Richard Curtis et sa bande étaient à Bruxelles pour nous présenter LOVE ACTUALLY, la dernière comédie romantique de fin d'année. Sa sortie dans les salles étant prévue pour le 3 décembre, voici un compte rendu des questions qui ont été posées à à Mister Hugh Grant et à Curtis lors de la conférence de presse. Vous remarquerez que l'entretien suit une direction un peu brouillon vu que les questions proviennent de différents journalistes (à orientation très "people") présents lors de l'évènement.
Question-Aviez-vous déjà certains acteurs/actrices en tête pendant que vous écriviez l'histoire?
Richard CURTIS – Réalisateur/scénariste: Non mais j'avais déjà les rôles d'Hugh (Grant) et d'Emma Thompson. Emma avait déjà joué dans mon premier film (THE TALL GUY) et, quand j'ai voulu écrire à propos d'une femme au foyer, j'ai pensé qu'elle pourrait y donner plus de profondeur, de sens...Heike (Makatsch) est juste venue pour l'audition avec différentes couleurs de cheveux (rires)...d'emblée elle était merveilleuse. Bill (Nighy) a lu son texte et on a même pas auditionné quelqu'un d'autre parce qu'il était tellement bon. Pour Lucia (Moniz), j'ai vu une vidéo avec 40 actrices portugaises jouant chacune le même passage. On la choisit elle et on la fait venir en Angleterre. Elle était extraordinaire. En gros les castings pour les différents rôles ont eu lieu de différentes façons.
Q-Ne vous sentez vous pas un peu schizophrène en passant de films comme MR. BEAN à FOUR WEDDINGS AND A FUNERAL et puis maintenant à LOVE ACTUALLY?
R.C.: Le fait est que ma vie est entrain de changer. Ma femme, que vous voyez assise là-bas, est enceinte de notre quatrième enfant. La façon dont je vois le monde aujourd'hui est très différente de la façon dont je le voyais à l'époque où j'ai écris FOUR WEDDINGS AND A FUNERAL. Avant, mes amis décidaient de si oui ou non ils allaient se marier. Maintenant, quand je regarde autour de moi, je vois des gens préoccupés par leurs enfants, par leur mariage et par tout ce qui en découle.
Avez-vous eu la chance de voir la maison du vrai premier ministre? A-t-elle inspiré le décor du set pour le film?
R.C.: Hugh est allé à Downing street une fois si mes souvenirs sont bons et il s'y est saoulé...(rires). J'y avais déjà été quelques fois par le passé mais, quand j'ai voulu y retourner cette fois-ci, on m'en a refusé l'entrée. Vu les évènements actuels, la sécurité y a été renforcée. J'ai donc été voir le chancelier de l'Echiquier (qui vit juste à côté) et je me suis faufilé par une porte arrière pour jeter un rapide coup d'œil. On peut dire que le vrai Downing street est assez proche de celui dans le film mais un peu moins blinquant. L'original est un peu plus délabré je crois.
Pourquoi avez-vous de nouveau choisis la chanson "Love is all around" pour ce film alors que vous l'aviez déjà utilisée dans FOUR WEDDINGS AND A FUNERAL?
R.C.: C'est à cause du message que le film se voulait de véhiculer. On a faillit prendre "All you need is love", la chanson qui est chantée à un moment dans le film, mais je ne pense pas qu'elle aurait collé ni que son message soit très véridique. On a besoin d'amour mais aussi de justice sociale, de bonne nourriture (rires)....Pour moi, l'amour est tout autour de nous, quelque soit l'endroit où on regarde. Lorsque l'on déambule dans la rue, toutes les personnes qu'on croise ont leurs propres déboires avec ce sentiment. La chanson avait malheureusement le bon titre donc on ne pouvait rien faire d'autre que la réutiliser. On a quand même essayé de la « retravailler » un peu.
Quand on voit le casting du film, il a dû être très coûteux....avez vous eu un prix de gros pour toutes les stars dans la distribution....un arrangement spécial?
R.C.: Il serait honnête de dire que tous ces acteurs m'ont coûté moins cher que l'actrice qui jouait dans mon dernier film.
Avez-vous décidé de réaliser ce film car vous n'étiez pas content de la réalisation de vos précédents scénarios? Pourquoi avez-vous décidé de le réaliser vous même?
R.C.: Je suis très content des autres directeurs mais j'ai pris de l'âge. Je crois que ça devenait difficile pour eux de m'avoir toujours entrain de donner mon avis, d'être dans l'arrière plan de la réalisation. Et puis à force de les regarder travailler, j'ai fini par bien saisir les ficelles du métier et je connaissais assez de personnes compétentes avec lesquelles je pouvais travailler.
Pourriez-vous me donner une qualité pour chaque personne présente ici, ce que pensez vous de chacune d'elle, pourquoi vous l'avez choisie... [étaient présents à la table des "interviewés" Duncan Kenworthy (producteur), Lucia Moniz (Aurelia), Hugh Grant (premier ministre), Bill Nighy (chanteur Billy Mack) et Heike Makatsch (Mia)]
R.C.: Quand j'ai écris FOUR WEDDINGS AND A FUNERAL, j'ai eu peur que ça devienne un téléfilm. Le scénario comportait beaucoup de petites blagues et je voulais qu'il ai un bon rendu à l'écran. Donc, au lieu d'aller vers les gens avec qui j'avais l'habitude de travailler, je me suis adressé à Duncan (producteur) qui avait une "patte esthétique" beaucoup plus développée et qui pouvait m'aider à faire un vrai film plutôt qu'une petite comédie.
On a choisit Lucia (Moniz) parce c'est une actrice très belle et très gracieuse et aussi parce qu'elle avait une qualité dont nous avions besoin: le fait qu'on pouvait déguiser sa beauté au début de l'histoire pour ne pas que, quand elle rencontrait Colin dans le film, tout le monde comprenne où on voulait en venir. Je voulais que les spectateurs la voient s'ouvrir comme une fleur.
J'ai pensé à Hugh (Grant) principalement parce qu'il attirerait une large audience (rires)...Non, j'ai choisis Hugh parce que pour moi, il est l'acteur comique parfait. Il ne rate jamais une ligne et est très rigoureux dans son travail. Il vous fera toujours tourner plusieurs prises parce qu'il veut que ça soit absolument parfait. S'il avait été mal joué, son personnage aurait pu être stupide, une sorte de caricature. Je voulais reproduire ce sentiment qu'on a face à quelqu'un qui est plus intelligent, plus brillant et plus profond que monsieur tout le monde. Le genre d'homme qui, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, reste toujours une sorte d'exemple pour les autres.
Bill (Nighy) est un grand comédien de théâtre en Grand Bretagne. Je l'ai vu dans bon nombre de pièces et il est capable de donner un rendu tridimensionnel des personnages qu'il incarne.... C'est vraiment ça que je recherche. J'écris des rôles à deux dimensions et ces acteurs sont capables de leur en apporter une troisième.Pour le rôle d'Heike (Makatsch), c'était beaucoup plus compliqué parce que nous savions que c'était Alan (Rickman) qui allait jouer face à elle.
Il me fallait vraiment quelqu'un d'entier, de charismatique et mystérieux pour faire le poids face à lui. Ça ne pouvait pas être une bête petite secrétaire qu'on pouvait pousser hors du chemin. Ça devait être quelqu'un qui pouvait être complexe, sombre et un peu plus dur que lui et je me suis dit qu' Heike avait ces qualités.
Hugh GRANT – Le Premier Ministre
Le rôle du premier ministre vous était-il prédestiné où l'avez vous choisi vous même?
H.G.: J'ai été d'emblée attiré par le script qui était vraiment très drôle...c'est très rare d'en trouver encore de nos jours...Pour ce qui est de savoir si le rôle m'était prédestiné, il faudrait plutôt le demander à Richard. Richard?
R.C.: Quand j'ai commencé à écrire ce film, je voulais montrer que l'amour était tout autour de nous, partout, de haut en bas de l'échelle sociale, des serveurs aux premiers ministres. J'ai pensé qu'il serait marrant d'avoir un premier ministre et, par la suite, qu'il serait encore mieux de l'avoir sous les traits d'Hugh. Mais je n'ai pas écris le rôle pour lui en me disant « Hugh ferait ça bien ». Je l'ai juste écris du mieux que je pouvais en sachant qu'Hugh pourrait jouer quoi que ce soit que j'écrive.
Qu'est-ce que ça fait d'être « premier ministre » le temps d'un tournage? Si vous pouviez devenir premier ministre (tout est possible de nos jours), quel genre de premier ministre seriez vous?
H.G.:Je serais un mauvais politicien.Les politiciens,les bons je veux dire,en ont vraiment à faire des gens(?)ont vraiment à faire à des gens et veulent améliorer le sort de leur pays. Moi par contre je ne pense qu'à moi(rires)...mes idéaux politiques sont des personnages tels que Caligula....J'abuserais de mon pouvoir et je serais corrompu...(rires). Ce premier ministre n'est pas basé sur une personne réelle.
Il n'est pas Tony Blair, je suis d'ailleurs censé rendre ça très clair dès le début du film en disant aux serviteurs en rentrant dans la maison « j'emménage sans épouse effrayante ni enfants ». Ce premier ministre est exactement le genre de premier ministre que vous auriez si Richard faisait de la politique....un vrai cauchemar (rires)
Pensez vous que la politique et la romance vont de paire ?
H.G.: Je n'en ai pas l'impression non. Ce qui est pour moi assez touchant dans ce film, dans cette situation ci en particulier, est de voir un politicien avoir une émotion humaine aussi énorme que l'amour. Ça vous fait envisager le fait qu'il est possible d'être à la fois un politicien et un être humain. Pour moi c'étaient deux choses qui s'étaient toujours mutuellement exclues. Si j'étais un politicien, je montrerais beaucoup plus mon côté humain. C'est ça qui, selon moi, vous fait élire. Je pense que c'est à cause de ça, en plus du fait qu'il est connu, qu'Arnie (Arnold Schwarzenegger) a été élu. C'est parce qu'il projette une image « humaine » de lui-même.
Quelle est la chose la plus romantique que vous ayez jamais faite dans votre vie?
H.G.: Ma vie n'est pas très satisfaisante au point de vue romantique. Il m'est donc difficile de donner un point de vue personnel sur la romance. C'est une des ironies de faire ces films avec Richard car c'est un homme très romantique, qui est déjà tombé amoureux plusieurs fois dans sa vie et qui sait donc de quoi il parle. Je suis une sorte d'être sentimentalement atrophié, un homme qui vit une vie sans amour et qui se fait simplement payer pour jouer les fantasmes romantiques de Richard (rires).
Cela va faire un certain temps que vous dites que vous allez quitter le grand écran. Est-ce que c'est impossible à faire quand Monsieur Curtis continue à vous écrire des rôles aussi incroyables?
H.G.: C'est certainement une partie de la réponse mais vous ne devriez pas écouter ce que je dis....Ça va faire 20 ans que je dis ça et j'en suis en fait gêné.
R.C.: Quand Hugh est venu passer l'audition pour FOUR WEDDINGS AND A FUNERAL il m'a dit à l'époque "c'est la dernière audition à laquelle je participe, j'arrête la comédie". Donc ça fait longtemps qu'il le dit.
H.G.: Oui mais en fait c'était la dernière audition que j'ai jamais faite...(rires)
Que pensez vous du fait qu'il n'y ai pas vraiment de rôle principal dans ce film?
H.G.: Je suis partagé sur le sujet. Une part de moi aime vraiment l'idée de ne pas avoir de grande responsabilité quant au succès du film. Si c'est un flop, c'est bien que ce ne soit pas entièrement de ma faute. Mais d'un autre côté, ça m'énerve si on aime les autres acteurs plus que moi où si quelqu'un reçoit plus d'attention que moi (rires).
Vous êtes connu pour vos rôles de comédies romantiques. Ne voulez vous pas jouer d'autres genres de temps en temps comme vous l'aviez une fois fait dans le film "Extreme Mesures"? Tourner un thriller ou un film d'action par exemple.
H.G.: J'aime beaucoup la violence (rire) et j'aimerais faire des films plus sérieux mais le problème est que, même si je m'amuse énormément dans ce genre, c'est assez dur à regarder pour les spectateurs (rires)...En fait, je suis un peu fatigué des comédies romantiques mais il me faudra toujours un certain degré d'humour dans un script pour que je puisse l'interpréter correctement.
Comment avez-vous vécu l'arrivée du succès dans votre vie?
H.G.: Heureusement, j'ai su rester la même personne, simple, détachée....(rires) . N'importe qui vous le dira, je suis très terre à terre...vous savez j'ai pris le bus l'autre jour (rires). C'était vraiment bien, peu coûteux et très rapide, je conseil à tout le monde d'essayer (rires).
Avez-vous d'autres projets pour plus tard, après ce film?
H.G.: Je suis entrain de tourner BRIDGET JONES' DIARY "part 2" pour l'instant.
Gaëlle Famelaer