Origine du projet
L'idée d'un concert d'adieu naquit au début de l'année 1976, après que Richard Manuel fut grièvement blessé lors d'un accident de bateau. Robbie Robertson commença alors à penser à abandonner les concerts pour faire du Band un groupe exclusivement studio, de la même façon que les Beatles avaient décidé d'arrêter les tournées en 1966.
Bien que les autres membres du groupe fussent en désaccord avec la décision de Robertson, le concert fut fixé au Winterland Ballroom de Bill Graham, où le Band avait fait ses débuts en 1969. Le groupe devait à l'origine se produire seul, mais une fois l'idée d'inviter Ronnie Hawkins et Bob Dylan lancée, la liste d'invités commença à croître pour inclure d'autres artistes.
Le concert
Promu et organisé par Bill Graham, associé de longue date au Band, le concert fut très élaboré. Il commença à 17 heures, et les 5 000 spectateurs se virent servir un dîner à base de dinde. Il y eut une séance de danse de salon sur une musique du Berkeley Promenade Orchestra, et les poètes Lawrence Ferlinghetti et Michael McClure firent des lectures.(passage particulièrement CHIANT!)
Le Band débuta le concert vers 21 heures, commençant avec Up on Cripple Creek, suivi de onze chansons parmi ses plus populaires, dont The Shape I'm In, This Wheel's on Fire and The Night They Drove Old Dixie Down. Ils étaient accompagnés d'une grande section cuivres dont la partition avait été arrangée par Allen Toussaint et d'autres musiciens.(Excellent moment,très bonnes chansons)
Ils furent rejoints par une succession d'invités, à commencer par Ronnie Hawkins.(casse couille !) Sous le nom des Hawks, le Band avait été le groupe d'accompagnement de Hawkins au début des années 1960.
Dr. John s'installa au piano pour sa chanson la plus célèbre, Such a Night. Passant à la guitare, il rejoignit ensuite Bobby Charles pour Down South in New Orleans.(Formidable)
Le concert prit ensuite une orientation blues avec le joueur d'harmonica Paul Butterfield, Muddy Waters, le pianiste Pinetop Perkins et Eric Clapton. Alors que Clapton interprétait son premier solo, sur Further on Up the Road, la sangle de sa guitare se détacha. Il s'écria « Attendez », mais Robertson reprit le solo sans manquer une mesure.
Suivit Neil Young, qui chanta Helpless avec Joni Mitchell, aux chœurs, mais qui n'apparut pas sur scène. D'après le commentaire de Robertson sur le DVD du documentaire, c'était pour donner à son apparition ultérieure plus de poids. Elle monta sur scène après Young et chanta trois chansons, dont deux avec Dr John aux congas.(mwouais bien chiant tout ça)
Le suivant était Neil Diamond, qui présenta sa chanson Dry Your Eyes en déclarant « Je ne vais faire qu'une chanson, mais je vais la faire bien. » Il avait été invité par Robertson, qui désirait que les compositeurs de Tin Pan Alley fussent représentés. Robertson avait également produit l'album Beautiful Noise de Diamond, sorti la même année, et co-écrit Dry Your Eyes, qu'il acclama comme une « grande chanson » durant le concert.
L'apparition de Diamond ne fut guère populaire auprès des autres interprètes. Levon Helm se plaignit de l'absence de lien musical avec le Band, tout comme Ron Wood, qui déclara dans une interview en 1980 : « Aucun de nous ne comprenait ce qu'il faisait là ». Apparemment, Bob Dylan le tenait également en piètre estime : la rumeur veut que lorsque Diamond sortit de scène, il ait dit à Dylan:« Il te faudra être bon pour passer après moi », ce à quoi Dylan répondit : « Qu'est-ce que je dois faire ? Monter sur scène et m'endormir ? »
Van Morrison interpréta ensuite deux chansons, un arrangement original de Tura Lura Lural (That's an Irish Lullaby) en duo avec Richard Manuel, et le clou habituel de ses spectacles, Caravan.(Géant)
Les Canadiens Young et Mitchell furent alors invités à revenir sur scène pour interpréter Acadian Driftwood, une ode aux Acadiens, avec le Band, qui interpréta ensuite quelques chansons supplémentaires avant que Bob Dylan monte sur scène pour mener son ancien groupe d'accompagnement pour quatre chansons.(J'aime beaucoup Dylan sur disque,mais là il m'a cassé les C...pieds)
Avec tous ses invités, ainsi que Ringo Starr à la batterie et Ron Wood à la guitare, le Band interpréta alors I Shall Be Released comme finale. Le chant était partagé par Dylan, l'auteur de la chanson, et Manuel, dont la voix de fausset avait rendu la chanson célèbre sur Music from Big Pink. Cependant, on voit mal ce dernier dans le film, et il passe de sa voix de fausset à sa voix normale entre les couplets.(chiant!)
Il y eut ensuite deux « bœufs ». Le premier comprenait le Band, à l'exception de Richard Manuel, avec Neil Young, Ron Wood et Eric Clapton à la guitare, Dr John au piano, Paul Butterfield à l'harmonica et Ringo Starr à la batterie.(qui s'éternise...pathétique!) Suivit le deuxième bœuf, avec les mêmes, moins Robertson et Danko. Stephen Stills, qui arriva en retard, interpréta un solo de guitare et Carl Radle prit la basse.
Le Band revint alors, vers 2h15 du matin, pour interpréter un rappel, Don't Do It. Ce fut la dernière fois que le groupe joua sous cette formation : lorsqu'il se reforma en 1983, Robertson n'y était pas.
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Production
Filmer le concert
Robertson voulait à l'origine enregistrer le concert en format 16 mm. Il embaucha Martin Scorsese comme réalisateur, en se basant sur son usage de la musique dans Mean Streets. Avec Scorcese, le film prit de l'ampleur et devint une véritable production, avec sept caméras de format 35 mm.
Les caméras étaient dirigées par des chefs opérateurs parmi les plus respectés du métier, dont Michael Chapman (Raging Bull), Vilmos Zsigmond (Rencontres du troisième type) et László Kovács (Easy Rider).Les décors et l'éclairage furent conçus par Boris Leven, qui avait travaillé sur les comédies musicales West Side Story et La Mélodie du bonheur.
Grâce à Bill Graham, les décors de la production de La traviata par l'opéra de San Francisco furent loués pour servir de toile de fond. Des chandeliers en cristal furent également suspendus au-dessus de la scène.
Scorsese planifia méticuleusement le scénarimage des chansons, réglant l'éclairage et les angles de prise de vue en accord avec les paroles des chansons. Mais en dépit de tous ses efforts, il y eut des imprévus durant le tournage, et toutes les chansons ne purent être filmées.
Ainsi, à un moment, toutes les caméras s'étaient arrêtées, sauf celle de László Kovács, alors que Muddy Waters s'apprêtait à jouer Mannish Boy. Kovács, agacé par les ordres constants de Scorsese, avait enlevé ses écouteurs auparavant et n'entendit donc point le signal d'arrêter de filmer.
Alors que Scorsese tentait frénétiquement de relancer les autres caméras, Kovács tournait déjà, et il fut en mesure de recueillir la fameuse chanson du bluesman. « C'était purement de la chance », se rappelle Scorsese.
Négociations avec Dylan
Si Bob Dylan avait accepté de jouer, il ne voulait pas être filmé, craignant que cela concurrence son propre projet de film, Renaldo and Clara. Warner Bros. avait accepté de financer le tournage de La Dernière Valse en supposant que Dylan serait présent dans le film et la bande originale. Des négociations eurent lieu en coulisses, durant un entracte. Robertson promit à Dylan que la sortie du film du concert serait reportée après la sortie de son film, et Dylan céda et accepta d'être filmé.
Le promoteur Bill Graham fut également impliqué dans les débats. « Quelqu'un travaillant avec Bob a dit "On ne filmera pas ça". Et Bill a simplement dit "Sortez d'ici ou je vous tuerai" », affirme Robertson dans le livret de la réédition de 2002 de l'album. « Ça a marché. »
D'après Scorsese, Dylan stipula que seulement deux de ses chansons pouvaient être filmées : Baby Let Me Follow You Down et Forever Young. « Quand Dylan est monté sur scène, le son était si fort, je ne savais pas quoi filmer », se rappela Scorsese par la suite. « Bill Graham était à côté de moi, il hurlait "Filme-le ! Filme-le ! Il vient des mêmes rues que toi. Ne le laisse pas te bousculer." Heureusement, les angles de vue étaient bons et nous avons filmé les deux chansons utilisées dans le film. »