The Island est un film américain de science-fiction réalisé par Michael Bay, sorti en 2005.
Résumé
En 2019, Lincoln 6-Echo (Ewan McGregor) et son amie Jordan 2-Delta (Scarlett Johansson) font partie des centaines de pensionnaires d'un gigantesque complexe fermé, un espace confiné, aseptisé, mais dit idyllique. À en croire le Docteur Merrick et ses agents, une terrible contamination a ravagé la Terre quelques années auparavant...
Heureusement, des survivants sont régulièrement retrouvés pour être ramenés dans le complexe dont le but est de préserver les résidents de la contamination. La vie y est encadrée et est étroitement surveillée. Aussi, pour illuminer l’existence morne de cet univers stérile et totalitaire, chaque personne espère en « la Loterie », un générateur numérique aléatoire qui appelle régulièrement quelques noms.
Les heureux gagnants reçoivent le privilège de quitter le complexe pour un transfert sur « l'Île », censée être le dernier territoire à avoir échappé à la contamination, et ce afin d'y être les Adam et Ève d'une nouvelle humanité...
Commentaire
The Island varie une nouvelle fois sur une trame très classique exploitée à maintes reprises par les auteurs de science-fiction. L'on y retrouve thèmes et schémas qui ont fait leurs preuves, à savoir la société post-apocalyptique trop parfaite, maintenue dans la crainte de l'extérieur, contre laquelle un individu inadapté, qui "ne marche pas dans les clous", se rebiffe et s'échappe. Citons quelques précédents illustres: La cité et les astres, de Arthur C. Clarke, L'Âge de cristal (Logan's Run) de William F. Nolan, Un bonheur insoutenable, de Ira Levin ou encore THX 1138, de George Lucas,(Quel film ennuyeux!) dont la première partie de The Island est un hommage appuyé.
L'originalité du scénario consiste à faire du thème rebattu de la société figée et totalitaire, née de la fin du monde, un leurre fabriqué par une entreprise privée opérant dans un secteur de pointe, aux pratiques illégales sur lesquelles les pouvoirs publics ferment les yeux. Ce qui amène une autre série de clichés classiques mais toujours efficaces : installations secrètes dans le désert du Nevada, dirigeants inhumains et vêtus de noir, savant fou prométhéen, agents de sécurité opérant en hélicoptère, fuite des rebelles par les conduits d'aération, clients fortunés odieux, élites compromises.
On pensera ainsi à quelques idées exploitées dans le fort cynique The Truman Show ou dans le terrifiant Soleil vert (revu il n'y a pas longtemps...c'est d'un tarte!). Par ailleurs, le thème récurrent de la récupération des organes, voire de leur commercialisation sans vergogne a été évoqué dans Morts suspectes (Coma) basé sur le roman de l'écrivain américain Robin Cook et également dans le roman Reproduction interdite de Jean-Michel Truong.
Le film pose néanmoins des questions aussi actuelles que sérieuses sur la défaillance ultime de la morale face à une science fondée sur les demandes individuelles et donc devenue purement commerciale : répondre à une logique d'enfants à la demande, de clonage thérapeutique, entraîne euthanasie de routine, réification totale de l'être humain, être réduit à l'état de "produit", à l'opposé de "l'Homme" des théologiens et des philosophes.
L'inhumanité absolue de l'entreprise, de ses dirigeants et de son personnel médical, qui euthanasient une jeune mère porteuse clonée, dès sa délivrance, comme un animal de compagnie, prélèvent les organes d'un athlète noir alors que l’anesthésie défaille manifestement, éliminent un clone trop curieux ou s'apprêtent à en gazer plusieurs pour "défaut de fabrication" (parfois dans les rires des sous-fifres), est bien sûr une satire terrifiante de la techno-science et une énième allusion aux totalitarismes de toutes natures.
Mais il s'agit surtout, une fois de plus, de nous mettre en garde contre les menaces récurrentes d'une science ou d'une médecine vénales et sans conscience face à un contrôle politique démissionnaire, tant devant le pouvoir de l'argent que devant l'individualisme sans moralité.