Quant aux autres acteurs, ou plutôt non acteurs, c’étaient surtout des copains comme Daniel Boulanger qui jouaient en s’amusant, et je ne dis pas cela péjorativement. Il y avait beaucoup d’amis cinéphiles qui font des apparitions dans le film, Jean Domarchi, Michel Fabre, Jacques Lourcelles, Jacques Rivette, Jean Douchet… Mais il y avait aussi quelques acteurs professionnels auxquels Godard tenait, Van Doude dans le rôle du reporter et Henri-Jacques Huet. En revanche je ne suis pas sûr qu’il ait pensé à Jean-Pierre Melville tout de suite…
Q-Combien de temps a duré le tournage ?
Le tournage a duré cinq semaines, avec une équipe réduite.
Q-S’est-il déroulé de manière chronologique ?
Non, du moins pas complètement. Par exemple le début du film sur la route près d’Auxerre, a été tourné à la toute fin du tournage. Totalement par hasard pendant que nous étions en train de tourner une voiture s’est arrêtée et en est sorti François Truffaut qui remontait de la Côte d’Azur pour aller à Paris !
Q-Quand a été tournée la dernière scène du film, et était-il prévu que le film se termine de la sorte ?
Elle a été tournée vers la fin du tournage. A partir du moment où je suis intervenu sur le film, la fin avait déjà été trouvée et elle a été tournée telle quelle. Savoir à quel point Truffaut a collaboré au script n’est pas évident. Il a apporté l’idée de départ, mais les trois pages étaient sans doute de Godard.
Q-Du fait de l’inexpérience de Godard Claude Chabrol s’était porté garant pour son ami en acceptant d’être superviseur technique d’À bout de souffle.
Oui. Mais Chabrol a mis les pieds une seule fois sur le tournage, le jour où nous avons tourné une scène rue Campagne-Première chez le phonographe. Il y avait aussi José Bénazéraf ce jour-là, qui était voisin de bureau avec Georges de Beauregard. Mais à cause d’une erreur technique cette scène a disparu du montage !