La critique d'Olivier Bitoun
Russie, début du XIXème siècle. Boris Grouchenki (Woody Allen) est amoureux de sa cousine Sonia Volonska (Diane Keaton). Mais celle-ci, qui vit mal sa rupture avec le frère de Boris, se marie par dépit avec un riche négociant. Napoléon entre en guerre contre la Russie et Boris est envoyé au front. Il revient en héros, séduit la comtesse Alexandrovna tandis que Sonia, devenue veuve, s'intéresse maintenant à lui... Woody Allen parle de la guerre, de l'amour, de la mort sur le ton léger de la dérision.
A travers une sorte de parodie de Guerre et Paix de Tolstoï, il se moque gentiment de la grande Histoire et de l'emphase de la littérature russe (ainsi que de son amour pour le cinéma de Bergman lorsqu'il singe "Persona"et "Le Septième sceau") Le cadre historique ne trompe personne,son Boris Grouchenki est simplement un nouvel avatar de son personnage de Schlemiel. En fait, « Guerre et amour » est le dernier de ses films où Woody Allen poursuit dans la veine de la "Stand-up Comedy" qu'il a pratiqué sur scène.
On retrouve ici le principe du film à sketchs et du comique de langage (ses célèbres one-liners) qui menait « Woody et les robots » et « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe ». La seule différence sensible tient dans le fait que, pour la première fois, le cinéaste se trouve sur un plateau à devoir diriger une équipe importante, des scènes de batailles, des cavalcades, une reconstitution historique, le tout en Hongrie et avec le concours de l'armée d'occupation soviétique ! On aurait beau jeu de déceler ici ce qui sera le cœur de son cinéma post-« Annie Hall ».
Certes, la peur de la mort, les amours impossibles, la solitude sont bien présents, mais l'essentiel est ailleurs : dans la verve comique, dans l'efficacité de gags issus du café-théâtre, dans le sens de l'absurde, dans la multiplication des anachronismes. Si Allen dialogue avec la mort, la pensée n'est pas profonde, c'est juste l'occasion de faire un calembour. Si il se prend à philosopher, c'est juste pour se moquer des intellectuels et offrir des moments parodiques décalés et cocasses.
Bref, inutile de chercher une quelconque profondeur à ce film qui se pose simplement comme une succession de gags burlesques (parfaitement chronométrés) et de bons mots. Mais, ne boudons pas notre plaisir, « Guerre et amour » est certes un petit film, mais un petit Allen reste souvent délicieux à déguster.
Olivier Bitoun